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LE BOSSU.

un pétillant sourire. À la vue des compagnons de Gonzague, elle s’arrêta, rabattit vivement son voile de dentelle, épaissi par la broderie, et resta immobile comme une charmante statue.

Chaverny la dévorait des yeux. Les autres avaient toutes les peines du monde à réprimer leurs regards curieux.

Gonzague, qui d’abord avait fait un mouvement, se remit aussitôt et alla droit à la nouvelle venue.

Il prit sa main, qu’il porta vers ses lèvres avec plus de respect encore que de galanterie.

La jeune fille resta muette.

— C’est la belle recluse ! murmura Chaverny.

— L’Espagnole !… ajouta Navailles.

— Celle pour qui M. le prince tient close sa petite maison derrière Saint-Magloire !

Et ils admiraient, en connaisseurs qu’ils étaient, cette taille souple, amoureuse et noble à la fois, ce bas de jambe adorable, attaché à un pied de fée, cette splendide couronne de cheveux abondants, soyeux et plus noirs que le jais.

C’était tout ce qu’ils pouvaient voir.

L’inconnue portait une toilette de ville dont la richesse simple sentait la grande dame. Elle la portait bien.

— Messieurs, dit le prince, vous deviez voir