Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 1-3.djvu/206

Cette page a été validée par deux contributeurs.
200
LE BOSSU.

par les ouvriers de toute sorte, rien ici n’avait encore été changé.

C’était bien le grand salon d’apparat d’un palais princier, avec son ameublement opulent mais sévère. C’était un salon qui n’avait pas dû servir seulement aux divertissements et aux fêtes ; car, vis-à-vis de l’immense cheminée de marbre noir, une estrade s’élevait, recouverte d’un tapis de Turquie, et donnait à la pièce tout entière je ne sais quelle physionomie de tribunal.

Là, en effet, s’étaient réunis plus d’une fois les illustres membres de la maison de Lorraine, Chevreuse, Joyeuse, Aumale, Elbeuf, Nevers, Merœur, Mayenne et les Guises, au temps où les hauts barons faisaient encore la destinée du royaume.

Il fallait toute la confusion qui régnait aujourd’hui à l’hôtel de Gonzague pour qu’on eût laissé pénétrer nos deux braves dans un lieu pareil.

Une fois entrés, par exemple, ils y devaient être plus en repos que partout ailleurs.

Le grand salon gardait pour un jour encore son inviolabilité. Une solennelle réunion de famille y devait avoir lieu dans la journée, et, le lendemain seulement, les menuisiers, faiseurs de cases, devaient en prendre possession.