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LE BOSSU.

ceux qui savent et qui se souviennent, c’est comme le cachet du vengeur !

— Les autres avaient fait leur chemin, reprit Passepoil, car M. de Gonzague n’a oublié que nous dans ses largesses. Pinto avait épousé une madonna de Turin ; le Matador tenait une académie en Écosse ; Joël de Jugan avait acheté une gentilhommière au fond de la basse Bretagne.

— Oui, oui, fit encore Cocardasse ; ils étaient tranquilles et à leur aise. Mais Pinto fut tué à Turin, le Matador fut tué à Glasgow.

— Joël de Jugan fut tué à Morlaix, continua frère Passepoil ; tous du même coup !

— La botte de Nevers !

— La terrible botte de Nevers !

Ils gardèrent un instant le silence. Cocardasse releva le bord affaissé de son feutre pour essuyer son front en sueur.

— Il reste encore Faënza, dit-il ensuite.

— Et Saldagne, ajouta frère Passepoil.

— Gonzague a fait beaucoup pour ces deux-là… Faënza est chevalier.

— Et Saldagne est baron… Leur tour viendra !

— Un peu plus tôt, un peu plus tard, murmura, le Gascon, le nôtre aussi !

— Le nôtre aussi ! répéta Passepoil en frissonnant.