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LE BOSSU.

— Je ne sais pas si c’est honte, mais c’est assurément prudence. Tu connais l’histoire de nos compagnons dans l’affaire des douves de Caylus ?

Passepoil baissa la voix pour demander cela.

— Oui, oui, fit le Gascon, je sais l’histoire. Lou couquin l’avait dit : « Vous mourrez tous de ma main ! »

— L’ouvrage avance… Nous étions neuf épées à l’attaque, en comptant le capitaine Lorrain, chef des bandouliers… Je ne parle même pas de ses gens.

— Neuf bonnes lames ! dit Cocardasse d’un air pensif.

— Sur les neuf, Staupitz et le capitaine Lorrain sont partis les premiers. Staupitz était de famille, bien qu’il eût l’air d’un rustaud. Le capitaine Lorrain était bon homme de guerre, et le roi d’Espagne lui avait donné un régiment. Staupitz mourut sous les murs de son propre manoir, auprès de Nuremberg… il mourut d’un coup de pointe… là… entre les deux yeux !

Passepoil posa son doigt à l’endroit indiqué.

D’instinct, Cocardasse fit de même en disant :

— Le capitaine Lorrain mourut à Naples d’un coup de pointe entre les deux yeux, là ! Pour