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LE BOSSU.

Il avait ses flatteurs et le méritait bien, car Gonzague le payait cher.

Vers neuf heures, au moment où l’encombrement diminuait un peu, par suite de cette gênante sujétion de l’appétit à laquelle obéissent même les spéculateurs, deux hommes qui n’avaient pas précisément tournures de financiers passèrent le seuil de la grande porte, à quelques pas l’un de l’autre.

Bien que l’entrée fût libre, ces deux gaillards n’avaient pas l’air bien pénétrés de leur droit.

Le premier dissimulait très-mal son inquiétude sous un grand air d’impertinence ; le second, au contraire, se faisait aussi humble qu’il le pouvait.

Tous deux portaient l’épée, de ces longues épées qui vous sentaient leur estafier à trois lieues à la ronde.

Il faut bien l’avouer, ce genre était un peu démodé. La régence avait extirpé le spadassin. On ne se tuait plus guère, même en haut lieu, qu’à coups de friponneries.

Progrès patent et qui prouvait en faveur de la mansuétude des mœurs nouvelles.

Nos deux braves cependant s’engagèrent dans la foule, le premier jouant des coudes sans façon, l’autre se glissant avec une adresse de chat