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LE BOSSU.

C’était sans contredit, après le régent et Law, l’homme le plus riche et le plus important de France. Il jouissait des biens de Nevers à deux titres différents : d’abord comme parent et présomptif héritier, ensuite comme mari de la veuve du dernier duc, mademoiselle Aurore de Caylus.

Ce mariage lui donnait, en outre, l’immense fortune de Caylus-Verrous, qui s’en était allé dans l’autre monde rejoindre ses deux femmes.

Si le lecteur s’étonne de ce mariage, nous lui rappellerons que le château de Caylus était isolé, loin de toute ville, et que deux jeunes femmes y étaient mortes captives.

Il est des choses qui se peuvent expliquer seulement par la violence physique ou morale.

Le bonhomme Verrous n’y allait pas par quatre chemins, et nous devons être fixés suffisamment sur la délicatesse de M. le prince de Gonzague.

Il y avait dix-huit ans que la veuve de Nevers portait ce nom. Elle n’avait pas quitté le deuil un seul jour, pas même pour aller à l’autel.

Le soir des noces, quand Gonzague vint à son chevet, elle lui montra d’une main la porte ; son autre main appuyait un poignard contre son propre sein.

— Je vis pour la fille de Nevers, lui dit-elle,