Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 1-3.djvu/103

Cette page a été validée par deux contributeurs.
97
LE BOSSU.

Par bonheur, cette dernière question couvrit l’expression tendre mais irrévérencieuse d’Amable Passepoil.

Lagardère ne souffrait point ces familiarités.

— Connaissez-vous ce grand diable de Bélissen ? demanda-t-il.

— Le baron de Bélissen ?

— Bélissen le bretteur ?

— Bélissen le défunt, rectifia le jeune chevau-léger.

— Il est mort ? demandèrent plusieurs voix.

— Je l’ai tué… Le roi m’avait fait noble, vous savez, pour que je pusse entrer dans sa compagnie… J’avais promis de me comporter prudemment ; pendant six mois, j’ai été sage comme une image. On m’avait presque oublié ; mais, un soir, ce Bélissen voulut jouer au croquemitaine avec un pauvre petit cadet de province qui n’avait pas seulement un poil de barbe au menton.

— Toujours la même histoire, dit Passepoil : un vrai chevalier errant !

— La paix, mon bon ! ordonna Cocardasse.

— Je m’approchai de Bélissen, poursuivit Lagardère, et, comme j’avais promis à Sa Majesté, quand elle daigna me créer chevalier, de ne plus lancer de paroles injurieuses à personne, je me bornai à tirer les oreilles du baron comme on