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LE BOSSU.

— Au large ! commanda-t-il en se voyant entouré de trop près par les volontaires et les prévôts ; j’aime dépouiller seul ma correspondance.

Tout le monde s’écarta vivement.

— Bravo ! s’écria Lagardère après avoir lu les premières lignes ; voilà ce que j’appelle un heureux message ! C’est justement ce que je venais chercher ici. Par le ciel ! ce Nevers est un galant seigneur !

— Nevers ! répétèrent les estafiers étonnés.

— Qu’est-ce donc ? demandèrent Cocardasse et Passepoil.

Lagardère se dirigea vers la table.

— À boire d’abord ! dit-il ; j’ai le cœur content. Je veux vous raconter l’histoire. Assieds-toi là, maître Cocardasse… Ici, frère Passepoil… vous autres où vous voudrez.

Le Gascon et le Normand, fiers d’une distinction pareille, prirent place aux côtés de leur héros.

Henri de Lagardère but une rasade, et reprit :

— Il faut vous dire que je suis exilé : je quitte la France…

— Exilé, vous ? interrompit Cocardasse.

— Nous le verrons pendu ! soupira Passepoil.

— Et pourquoi exilé ?