Page:Féval - La Ville-Vampire (1875).djvu/14

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
4
LA VILLE-VAMPIRE

leurs, à l’âge de Mlle 97, on n’a pas le temps d’attendre.

M. X. et miss Z. sont deux romanciers anglais à forte sensation. Il s’agissait donc d’un sujet de roman. Je demandai des explications, elles me furent refusées ; seulement mylady employa l’éloquence extraordinaire, qui est chez elle un don de Dieu, à exaspérer ma curiosité.

— Avez-vous confiance en Walter Scott ? me dit-elle. C’était un admirateur passionné des Mystères d’Udolphe. Il a écrit la biographie de Mme Anne Radcliffe. Vous entendez : Walter Scott ! Dickens vint voir une fois Mlle 97. En ce temps-là elle s’appelait Mlle 94, car elle change de nom tous les ans, le jour de Noël. Je connais bien des aventures, mais celle-là est tellement extraordinaire…

Ma foi, je cédai, nous partîmes. La traversée fut hideuse ; j’éternue encore en y songeant. Tous les démons de l’air et de la mer jouaient avec notre paquebot comme si c’eût été un ballon en caoutchouc. Le lendemain, nous prîmes à Londres le North-Western rail-way et nous couchâmes à Stafford, vieille cité, plantée au centre d’un pays plat comme un surtout de table sur sa nappe.