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LA VILLE-VAMPIRE

fend à ses loyaux sujets de nous prendre nos drames, nos livres, etc., mais elle leur permet d’en faire ce qu’elle a la bonté d’appeler « une blonde imitation. »

C’*est joli, ce n’est pas honnête. Le cher, l’excellent Dickens, me disait un jour, en manière d’apologie :

— Je ne suis pas beaucoup mieux gardé que vous. Quand je passe à Londres et que j’ai par hasard une idée sur moi, je ferme à clef mon portefeuille, je le mets dans ma poche et je tiens mes deux mains dessus. On me vole tout de même.

Le fait est que là « blonde imitation » en remonterait aux pick-pockets les plus subtils.

Aussi, l’amie si charmante de Dickens, lady B…, du château de Shr……, me répète, depuis vingt ans, la même question, chaque fois que j’ai le bonheur de la voir :

— Pourquoi ne volez-vous pas les Anglais à votre tour ?

— Ce n’est pas assurément, madame, qu’il n’y ait des choses adorables à prendre dans vos livres, mais peut-être que notre caractère national ne nous porte pas vers le blond escamotage.