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LA VAMPIRE

confessait. Angèle le suivait de près. Vous jugez si j’avais mes yeux et mes oreilles dans ma poche !

René de Kervoz traversa l’église d’un pas rapide. Ce ne devait pas être la première fois qu’il avait un rendez-vous dans ce lieu, ou tout au moins dans un lieu pareil.

Ma déesse blonde entendit le bruit de ses pas et se retourna. Elle mit un doigt sur sa bouche. Kervoz s’arrêta comme par enchantement. Ils se croyaient seuls tous deux, car Angèle, pâle, essoufflée et prête à tomber d’épuisement, mais les yeux en feu et la poitrine haletante, se tenait immobile à quelques pas de moi, derrière le même pilier.

La nuit venait déjà. Angèle ne me voyait pas. Quand elle s’agenouilla, ne pouvant plus se tenir sur ses jambes, j’aurais pu la toucher, rien qu’en étendant la main.

Je restais immobile, mais j’avais le cœur serré par le bruit sourd des sanglots qui déchiraient sa poitrine.

Ils devaient se croire seuls. Ni l’un ni l’autre ne soupçonnait ma présence, et, du confessionnal où l’abbé Martel écoutait l’Allemand, on ne peut voir l’autel de la Vierge.

La charmante inconnue avait une figure à peindre, éclairée qu’elle était par les dernières lueurs du jour passant à travers les vitraux. Derrière moi, la pauvre Angèle murmurait d’une voix noyée par les larmes :

« — Mon Dieu, mon Dieu ! qu’elle est belle ! »

Kervoz a voulu parler ; un geste impérieux a fermé sa bouche.

La reine des blondes souriait comme une madone.

Elle a prononcé quelques mots qui ne sont pas venus jusqu’à moi, et il m’a semblé que son doigt désignait le confessionnal de l’abbé Martel.

L’entrevue, du reste, n’a pas duré une minute.

La main de ma belle inconnue s’est étendue vers le dehors, et René de Kervoz, avec une obéissance d’esclave, a quitté l’église par la porte latérale.

Angèle, la pauvre enfant, s’est relevée en gémissant, pour s’élancer encore sur ses traces.

Juste à ce moment la confession de l’Allemand prenait fin. Mon inconnue, car elle est à moi aussi, patron, et quoique je sois un assez laid papillon, je me brûlerais volontiers les deux ailes à ce flambeau diabolique ou céleste, mon inconnue a rejoint M. de Ramberg, et ils se sont agenouillés l’un près de l’autre.

Avant de partir, ils se sont inclinés tous deux devant le confessionnal, d’où est sorti une parole de bénédiction.

C’est tout, sauf ce détail que j’ai entendu tomber dans le tronc des pauvres une double offrande, lourde et sonore.