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LA VAMPIRE

colère, la maudite m’a fait mordre par son chien. S’il avait pu se couler là-dedans, le diable à quatre pattes, j’étais un homme mort. Je lui garde une dent : non pas au chien, mais à la dame… Et vous qui êtes un savant, monsieur Gâteloup, savez-vous si c’est vrai qu’on ne peut faire la fin de ces gens-là qu’avec un morceau de feu qu’on leur met dans le cœur ?…

Charlevoy et Laurent étaient tout pâles.

— Mais c’est donc bien vraiment une vampire ? murmurèrent-ils ensemble.

— En avant ! ordonna Jean-Pierre.

Il se glissa le premier dans l’ouverture. Ézéchiel l’arrêta de force.

— Monsieur Gâteloup, dit-il, vous êtes un brave homme, et je vous ai vu tenir un contre dix avec un brin de bois. Vous m’allez, et je ne voudrais pas qu’il vous arrivât du gros mal… Passez le premier, c’est la justice, car vous semblez le plus intéressé à passer. Mais avant de mettre la tête hors du trou, veillez, guettez, écoutez. Si le chien est là, il grondera. S’il gronde, gardez-vous d’avancer : c’est une bête qui croque un homme comme un poulet.

Sévérin se dégagea, dit merci et franchit le trou en deux ou trois vigoureux efforts.

Il y eut un moment d’attente terrible. Ézéchiel avait de la sueur au front.

— Eh bien ! fit Gâteloup du dehors, venez-vous ?

— Paraît que le chien est délogé pour tout de bon ! dit Ézéchiel. Il aurait déjà fait son tapage s’il était là. Marchons.

Il passa le premier, non sans garder une certaine inquiétude. Les trois autres agents et l’officier de paix suivirent. Au delà du trou, c’était une sorte de fosse, en contre-bas de celle qu’on appelait le vide-bouteilles. Elle communiquait avec les jardins par un escalier de terre et de bois.

Les jardins étaient complètement déserts.

La petite troupe les parcourut d’abord et les fouilla dans tous les sens, Charlevoy et Laurent étaient deux fins limiers, et l’industrieux Ézéchiel connaissait les êtres. Ils arrivèrent jusqu’au grand mur qui bordait les deux quais, fermant l’éperon de l’île Saint-Louis comme un rempart. La nuit était claire. Quoique cette partie du jardin ressemblât à une forêt vierge. Laurent et Charlevoy, après visite faite, affirmèrent que nulle créature humaine n’y pouvait rester cachée.

La porte du bord de l’eau, par où la comtesse Marcian Gregoryi devait s’introduire une heure plus tard, ne leur échappa point, mais à voir l’état de sa serrure, ils la crurent condamnée.

Jean-Pierre lui-même, pénétrant par une brèche dans le