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— Votre voiture vous attend, chère adorée. À demain, et mille compliments au général !

Ysole s’élançait déjà au dehors. Le prince l’arrêta pour lui montrer Suavita endormie.

— Prenez la clef, dit-il en sortant le premier.

Ysole obéit. Après avoir fermé la porte, elle murmura en rougissant et comme pour s’excuser :

— Votre excellent cœur pense à tout… moi, je suis folle ; mais je n’ai pas d’inquiétude pour cette chère enfant, dont le sommeil va durer jusqu’à demain… à moins que je ne l’éveille pour lui dire : Suavita, voici notre père, que le plus noble des hommes nous a rendu !

Ses doigts charmants envoyèrent un baiser. Elle disparut.

Le prince descendit quelques marches derrière elle comme si son dessein eût été de gagner la rue.

Mais quand le pas d’Ysole cessa de se faire entendre, il rebroussa chemin et monta lestement l’escalier qui conduisait au second étage.

Le palier du 2e étage n’était pas éclairé ; le prince frappa à la porte du milieu six coups ainsi espacés : trois, deux, un.

— Que voulez-vous ? lui demanda-t-on à travers le battant fermé.

— Acheter du drap noir, répondit le prince.

La porte s’ouvrit et la voix qui avait déjà parlé, dit :

— Entrez avec le voile.