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Un bruit se fit dans la chambre voisine. Ysole, le front rayonnant, les bras étendus, s’élança.

Et Paul, voyant cela de loin, ferma sa fenêtre pour reprendre tristement son suprême travail.

Dans la chambre voisine, un grand et beau jeune homme venait d’entrer. Quand la lueur de la lampe, passant à travers la porte, vint éclairer son visage, vous eussiez été frappés au premier aspect par l’étrange ressemblance de ce visage aquilin, régulier mais un peu charnu, avec le type, plus populaire alors qu’aujourd’hui, de la descendance bourbonienne.

C’était comme un portrait de Louis XV jeune, détaché de son cadre, et l’illusion s’augmentait encore par l’arrangement étudié d’une riche chevelure dont les boucles d’un blond châtain tombaient jusque sur les épaules du nouvel arrivant.

Ceux qui se souviennent des modes de 1835 et des perruquiers romantiques de cette époque, pourront témoigner qu’à Paris, les gamins blasés n’auraient point pris la peine de suivre un monsieur coiffé à la Louis XIV. Tout était permis, en fait de toisons.

Ysole, heureuse et toute palpitante, saisit les mains de ce demi-dieu, et voulut les porter à ses lèvres.

Il daigna l’arrêter très galamment et la baisa au front avec une souveraine noblesse.

— Mon prince ! monseigneur ! mon Louis ! dit la jeune fille d’une voix contenue, où la tendresse éclatait malgré elle, quand vous ne venez pas j’ai toujours peur de m’éveiller de mon beau rêve.

Comme il ouvrait la bouche pour répon-