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femme.

Ysole était brune. Ses splendides cheveux noirs auxquels la lumière arrachait un reflet fauve, s’ondulaient naturellement sur un front plutôt bas, mais modelé selon d’adorables lignes. Ses yeux, long-fendus, noirs et rendus plus noirs encore par l’ombre de ses sourcils veloutés, avaient une exquise douceur, quand elle voulait. Quand elle voulait, leur regard fascinait ou domptait.

Son nez droit, à la moindre émotion, relevait en frémissant ses ailes fières ; sa bouche était un sourire enchanté ou un impérieux commandement.

Elle était grande. Rien ne peut dire les délicieuses mollesses de sa ceinture. Chacun de ses mouvements appelait et charmait.

Et certes, il y avait quelque chose de pénible à voir la victorieuse et vivante perfection de ce chef-d’œuvre auprès de cette autre enfant, belle aussi, mais vaincue, mais frappée, et qui s’en allait mourant, comme une pauvre fleur que le baiser de la larve a touchée.

C’était un contraste insolent, d’autant plus que le triomphe de l’une rabaissait davantage la détresse de l’autre.

Aux derniers mots d’Ysole : ce soir, nous allons embrasser notre père, les joues de Suavita étaient devenues plus pâles ; mais tout son sang remonta bien vite, et un souriant éclair s’alluma dans ses grands yeux.

— Mon père ! dit-elle, mon bien aimé père !

— Si tu savais comme tu es gentille ainsi, amour ! s’écria Ysole dans un sincère élan de tendresse. Oh ! que je te voudrais guérie, afin que notre père fût heureux !

— Tu es bonne, murmura l’enfant ; il n’y