Page:Féval - La Rue de Jérusalem, 1868.djvu/8

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

autre chose à la place de cela ?… Ah ! j’ai eu bien de la tendresse et bien de la colère ! Mais je n’ai plus rien, sinon la pensée de ma fille, Ysole est heureuse chez lui ; tout ce que je pourrais faire pour lui, je le ferais de bon cœur.

La marmite bouillait copieusement, jetant à profusion ces effluves qui offensent les estomacs rassasiés et ravissent jusqu’à l’extase l’humble appétit du poète. Mme Soulas se leva pour mettre en ordre le couvert : une demi-douzaine d’assiettes dont chacune avait sa bouteille coiffée d’une serviette en turban.

Nous sommes ici dans une table d’hôte.

On frappa : deux habitués entrèrent. M. Mégaigne, le mauvais sujet, et M. Chopand, un homme rangé.

Il faut bien arriver à vous le dire, depuis le commencement de ce récit, vous n’avez encore vu que des agents de police. Mme Soulas tenait gargote pour messieurs les inspecteurs. Badoît était un inspecteur ; M. Mégaigne, ce brillant viveur, était un inspecteur ; c’est un inspecteur aussi que ce Chopand, tournure de rentier, cœur de comptable.

Paul Labre lui-même, l’inconnu, l’unique brin d’herbe par où nous puissions nous rattraper à la poésie, hélas !…

Ce palier mystérieux appartenait à une maison historique, dont nous vous ferons bientôt la monographie. Nous sommes rue de Jérusalem, en plein cœur de la sûreté publique. Les bruits et les parfums de cabaret qui montaient par l’escalier à vis appar-