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Nous avons dû constater déjà que la famille de Champmas était puissamment riche ; mais, à la suite de son procès politique, le général avait vu mettre ses biens personnels sous le séquestre. Il y avait déjà longtemps que ses filles et sa sœur avaient abandonné l’hôtel de son nom pour vivre en province ou chez des parents.

Depuis six mois que la tante Reine était morte, on avait séparé les deux jeunes filles.

Ysole demeurait chez une parente éloignée de M. de Champmas, qui avait nom Mme la comtesse de Clare, et Suavita était, à son tour, au couvent.

Par le fait, le général n’avait plus de maison, quoiqu’un certain nombre de vieux serviteurs de la famille restassent groupés autour d’Ysole.

Mme la comtesse de Clare, fort belle personne qui occupait une position nouvellement conquise et un peu mystérieuse dans le monde légitimiste, avait été choisie par le général à l’exclusion de parents plus proches et d’amis plus intimes : on ne savait pas bien pourquoi. Ceux qui s’intéressaient à la famille de Champmas caractérisaient la situation par le mot « provisoire » qui était alors fort à la mode.

Évidemment les choses devaient changer, et peut-être le plus naturellement du monde, car le procès, c’était l’avis public, avait été conduit avec une rigueur passionnée, et l’intérêt de l’autorité supérieure était d’aller vers la clémence.

Avant de poursuivre notre récit, un mot encore sur cette comtesse de Clare qui devait être, quelques années plus tard, une des