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ne s’agit que de ménager un peu l’intérêt contenu dans ces étranges procès-verbaux.

Au premier étage de cette maison du quai des Orfèvres, qui faisait face à la fois à la lucarne de notre pauvre ami Paul Labre et à la fenêtre sud-ouest de la tour du coin où Jean Labre venait d’être assassiné, habitait la famille du général comte de Champmas, prisonnier d’État.

La famille du général, veuf depuis plusieurs années, se composait seulement de deux filles.

Lors de sa condamnation, qui avait eu lieu à la suite des événements que nous avons rapportés, vers la fin de 1833, le général n’avait pas eu à s’occuper de ses filles. Elles restaient tout naturellement à la garde de leur tante, Mlle Reine de Champmas, laquelle entourait son frère d’une affection telle que jamais elle n’avait voulu se marier.

Il n’avait fallu rien moins que cette affection véritablement profonde pour amener Mlle Reine à conserver la direction de la maison de son frère malgré l’intrusion d’une jeune fille étrangère qui vint s’établir à l’hôtel peu de mois après la mort de la comtesse, et que le général présenta tout d’abord comme étant Mlle de Champmas.

Suavita, la plus jeune fille du général, la fille unique de Mme la comtesse, avait alors onze ans. Son père l’adorait, mais elle avait eu une enfance souffrante et incessamment menacée ; le général était frappé de l’idée qu’il la perdrait.

L’autre, celle qui venait on ne savait d’où, fruit de quelque aventure de jeunesse, se nommait Ysole, et avait alors quinze ans. Aux