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de l’état ; moi, je fais mon devoir.

Et avec une résolution triste, privée de cet élan qui vient en aide au courage du soldat sur le champ de bataille, l’agent quitta son abri. Aussitôt qu’il eut dépassé le seuil, il lança la lumière de sa lanterne à l’intérieur. Pistolet, qui le suivait de très près, s’écria :

— Déménagés, les locataires !

Badoît eut un soupir de soulagement : mais, comme il reprenait son haleine, sa poitrine se serra et il murmura :

— On a tué ici ! ça sent le mort.

— Possible, répondit Pistolet, dont la figure mièvre et pâle avait une sorte de gravité. Ça sent.

Il s’agenouilla sur le carreau, à la place même où Jean Labre était tombé, et dit :

— Approchez voir la lanterne.

La lueur oblique éclaira le sol qui, évidemment, venait d’être lavé. Une trace rougeâtre, qui courait en zigzag entre les jointures des tuiles, frappa en même temps les yeux de l’inspecteur et du gamin.

— Qu’ont-ils fait du corps ? pensa tout haut M. Badoît.

— Les coups de pioche… murmura Pistolet.

Il n’y avait pas besoin d’autre explication. L’âme de la lanterne se promena lentement sur les parois de la chambre ronde.

Le panneau avait été replacé avec une merveilleuse adresse. Aucun indice ne trahissait le lieu choisi pour la sépulture de Jean Labre. Bien plus, certaines parties de la boiserie avaient des défauts ou des fissures qui éloignaient l’œil de la vraie cachette.

Pistolet, marchant à quatre pattes, interrogea les carreaux un à un.