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— Pour ce qui est de ça, patron, nous sommes deux, déclara Pistolet. Ça ne me démange pas beaucoup de m’aligner avec le marchef, qui est fort comme un bœuf et qui pique en traître, par-dessus le marché ; mais, s’il le faut, vous allez voir qu’on est Parisien avec honneur, et qu’on va se comporter gaîment à la danse !

M. Badoît dirigea sur lui l’âme de sa lanterne et le regarda.

— Va bien, Clampin ! dit-il. Tu as l’air d’un quelqu’un, ce soir… et j’ai ouï conter que, dans les révolutions, vous êtes de drôles de petites bêtes, vous autres. Il s’agit d’entrer là-dedans.

— Porte, s’il vous plaît ! cria aussitôt Pistolet.

— Veux-tu bien te taire !… Tu n’as pas d’outils, toi ? Je te crois honnête…

— Pur et sans tache, interrompit le chasseur de minets, mais j’ai mon passe-partout. Voyons voir.

Il prit sous sa blouse le tout petit crochet de chiffonnier qui lui servait à massacrer les chats et en introduisit la pointe recourbée dans la serrure du no 9. Il y eut un grincement intérieur et la porte s’ouvrit.

À tout événement, Pistolet fit un saut de côté pour se mettre à l’abri derrière le battant.

M. Badoît exécuta pareillement un mouvement de retraite et glissa prestement sa main sous le revers de sa redingote.

Une minute se passa dans l’attente.

— S’il est là, il veut garder son avantage, dit Pistolet. Y va-t-on ?

— Tu as du cœur, petit ! murmura Badoît. Recule-toi, que je passe. Tu n’es pas