Page:Féval - La Rue de Jérusalem, 1868.djvu/70

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La porte avait été récemment lavée et restait humide par places. On ne distinguait plus rien des caractères effacés, mais des vestiges de craie jaune restaient visibles çà et là.

— Le coup est fait ! pensa tout haut M. Badoît avec consternation.

Pistolet, qui avait ses mains dans ses poches jusqu’aux coudes, ajouta :

— Alors, c’est tout frais. On va flairer.

Il appliqua son oreille aux différentes fentes de la porte :

— Ça a l’air, en effet, dit-il, que les pierrots sont dénichés.

Badoît le saisit au collet et le secoua, disant :

— Ce soir, méchant coquin, tu as peut-être causé la mort d’un homme !

Pistolet se dégagea sans trop d’efforts et prit la pose noble du boxeur français.

— Ça passera encore une fois en conversation, Monsieur Badoît, dit-il avec dignité, mais j’aime pas qu’on m’affronte, c’est mon caractère. Aussi vrai comme le soleil nous éclaire, — pas ici, par exemple, mais sur la place de la Concorde, en plein midi, quand il fait beau, — si vous recommencez ces jeux de vilain avec moi, je lève la jambe et je vous colle une tape à l’œil, premier numéro, cachet de l’affection et du respect.

L’inspecteur tourna le dos et se rapprocha de la porte du milieu, à laquelle il frappa :

— Paul Labre ! Monsieur Paul Labre ! appela-t-il.

Nous savons qu’il n’y avait là personne pour lui répondre. Il attendit un instant, puis murmura d’un air contrarié :

— Je n’aurais pas été fâché d’être deux,