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marchef, dit-il, essoufflé qu’il était en enfilant la troisième volée.

— Assez, répondit l’autre dont la respiration n’était nullement troublée.

Le gamin de Paris peut monter aux tours de Notre-Dame sans souffler ni suer.

— Et que faisais-tu là, sur le carré, à cette heure ?

— J’étais à la chasse, Monsieur Badoît : faut bien travailler.

— Misérable créature ! gronda M. Badoît qui sortait de son caractère. On ne fera jamais rien de toi !

— En chassant, riposta Pistolet, je vous ramasse des renseignements curieux, et vous vous fâchez ! Je vous donnerai congé, Monsieur Badoît.

L’inspecteur haussa les épaules.

— Tu as bien lu le nom de Gautron ? demanda-t-il.

— Couramment.

— Et tu ne pouvais pas me prévenir ?

— Y a du temps que j’ai idée de me ranger, répliqua paisiblement Pistolet, mais ce n’est pas encore commencé, et, jusque-là, faut bien s’amuser, pas vrai ? J’avais ma femme à Bobino ; vous savez, Mèche, la flambante des flambantes. C’est pas moi qui la ferais attendre, non !

— Quatre heures de perdues ! grommela M. Badoît. Le marchef va vite en besogne. Qui sait ce qui a pu arriver ?…

Clampin, dit Pistolet, ne répondit point. Il sifflotait entre ses dents le plus joli des airs de vaudeville qu’il eût entendus, ce soir, au théâtre.

En atteignant le palier, M. Badoît alla droit à la porte no 9 sur laquelle il promena l’âme de sa lanterne.