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Coyatier revint et remit ses souliers. Il n’avait rien perdu de son sang-froid obtus.

— Pour avoir été fait à tâtons, dit-il tranquillement, ça y est.

— Ça y est, répéta Coterie, dans le cinq-cents !

Mais Landerneau ajouta :

— Seulement, ce n’est pas le général.

— Bon ! fit Coterie, es-tu sûr ?

— Sûr et certain.

Coyatier pétrissait un énorme bout de tabac pour en faire une chique. Il resta un instant déconcerté.

— C’est sûr aussi que les finauds de là-bas sont plus bêtes que des dindons avec tout leur esprit, dit-il ; à quoi ça sert d’écrire un nom sur une porte quand il fait nuit ?

— On ne pouvait pas pendre une girandole sur le carré de la gargote des inspecteurs ! ajouta Landerneau. Il n’y a pas de notre faute.

— Avec ça, conclut Coterie, que le général est peut-être venu. Voilà plus d’une heure qu’on a rentré le foulard rouge.

— Et que nous croquons le marmot l’arme au bras ! gronda le marchef. L’ouvrage est fait, il faut le ramasser. Il n’y a place que pour un là-dedans. On nous a dit qu’un homme viendrait, l’homme est venu ; nous lui avons fait ce qu’on nous avait dit de lui faire. Ceux qui ne seront pas contents iront le dire au parquet. L’argent est gagné, nous allons passer au bureau. Donnez-moi un coup de main pour le ménage.

Tout fut bientôt en mouvement, et le « ménage » se fit avec une miraculeuse rapidité. Le marchef s’occupa du cadavre qu’on plaça dans le trou. Coterie maçonna, Lan-