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lui qui paraissait être le chef : M. Coyatier, comme l’appelait Pistolet, l’homme qui avait tracé le nom de Gautron au revers de la porte. Il dépassait les deux autres de la tête.

C’était un coquin à face énergique et brutale. Ses petits yeux disparaissaient presque sous l’épaisseur de ses sourcils roux. Il avait un tic dans la bouche, dont les coins révoltés relevaient à chaque instant la lourde et pâle bouffissure de ses joues.

Le hasard donne parfois au crime le déguisement de la beauté. Coyatier, dit le marchef, n’était pas beau, mais il devait être terrible à la besogne.

Landerneau, dit Trente-troisième, avait la tournure d’un ouvrier charpentier.

Coterie était un maçon.

Ils se penchaient tous les trois au-dessus de Jean Labre, qui était mort sur le coup, foudroyé, et gardait la pose que lui avait donnée sa chute.

Ils tressaillirent tous les trois, parce que la porte de Mme Soulas grinça de l’autre côté du carré.

— Motus ! fit le marchef qui ôta ses souliers et alla soulever le matelas pour mettre son œil à une fente.

Thérèse, en déshabillé de nuit, était sur le seuil de sa chambre, une chandelle à la main :

— Mou ! mou ! mou ! appela-t-elle doucement. Faudra-t-il que je rallume, maintenant, pour te chercher, mauvais sujet !

L’infortuné matou n’avait garde de répondre ou de venir.

Mme Soulas appela encore, puis flétrissant du nom de libertin la pauvre bête assassinée, elle referma sa porte en lui promettant une correction.