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murmures ; le moins brutal de la bande répondit :

— Mon prince, ici, nous n’appartenons pas à la chose de ce bureau-là. L’autorité a oublié de nous donner à garder l’oiseau en question.

Un garçon qui passait chargé de chopes et de demi-setiers dit :

— Troisième étage, porte en face.

L’étranger n’avait aucune envie de prolonger son séjour dans l’établissement du père Boivin. Il remercia et sortit.

La rencontre de Paul dans le noir escalier en colimaçon et sa réponse brusque ne contribuèrent pas à donner au voyageur une haute idée de la courtoisie qui régnait dans ces latitudes.

— Il a fallu le besoin pour les pousser dans ce quartier ! pensa-t-il. La pauvre mère aura tout perdu à la loterie.

Il se prit à la rampe et poursuivit son ascension.

Paul, en atteignant le bas des degrés, n’avait déjà plus conscience de s’être rencontré avec quelqu’un.

Et pourtant, comme il tournait l’angle de la tour pour prendre le quai des Orfèvres, un vague ressouvenir lui vint. Il se dit :

— C’est quelque camarade d’enfance. J’ai bien fait de m’enfuir. Il m’aurait demandé : Qu’es-tu devenu ? que fais-tu ? Pourquoi vis-tu dans cet horrible trou ?… Je n’y vis pas, j’y meurs.

Il fit encore quelques pas et ajouta :

— C’est singulier… cette voix-là me reste dans l’oreille ; je suis bien sûr de l’avoir entendue autrefois.

Ce fut tout.

L’étranger à la valise arrivait, en ce moment, sur le palier où notre histoire