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aussitôt. J’étais en pleine lumière. J’entendis qu’on disait tout bas dans la pièce voisine :

» — Duc, regardez. Est-ce vous qui avez envoyé ce jeune homme ?

» — Non, fut-il répondu. Je ne le connais pas.

» L’homme en blouse parut au seuil de la chambre où l’on avait parlé. C’était un militaire, on le voyait. Sa mine imposante et noble me frappa. Il me regarda un instant ; il avait l’air soucieux.

» — Je vous préviens que je suis armé, me dit-il.

» — Moi aussi, répondis-je, mais je ne ferai pas usage de mes armes.

» M. V… avait, en effet, glissé deux pistolets dans mes poches.

» L’homme en blouse reprit :

» — Je suis le général de Champmas, que me voulez-vous ?

» Il se fit un mouvement dans la chambre voisine et une draperie de serge tomba au-devant de la porte.

» Je répondis :

» — Je viens vous arrêter, parce que vous voulez assassiner le roi.

» Je répète textuellement les paroles que je prononçai et qui le firent sourire, malgré la gravité du moment.

» Dans la chambre voisine, j’avais entendu distinctement le bruit de plusieurs armes à feu dont on relevait les batteries.

» Le sourire du général rayonnait la bonté et l’honneur. M. V… m’avait menti. Cet homme-là ne pouvait pas être un assassin.

» — Vous êtes bien jeune, murmura-