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même frisson.

Pistolet continua en se posant :

— C’est un jeune baron de mes amis, moins fortuné que nous deux le bancroche, mais bon enfant, comme quoi, j’ai consenti à délaisser pour un instant mon pupille dont je fais son éducation de fond en comble avec tous premiers maîtres pour lui apprendre les sciences et à lire. J’ai dit : Puisque j’ai commencé cette affaire-là sous M. Badoît, je la perfectionnerai, M. le baron consentant à ce que les trois gredins aillent se faire pendre ailleurs, pourvu qu’ils mettent sa conscience en repos en lui nommant le vrai coupable de la malheureuse catastrophe de son frère aîné…

— Ça ne se peut pas ! interrompit Coyatier d’un air sombre.

— On est tenu par le cou ! ajouta Coterie.

Et Landerneau s’écria :

— Autant se jeter par la fenêtre, la tête sur le pavé ?

— Et aussi, poursuivit paisiblement Pistolet, en mettant le même Paul Labre à proximité de recueillir les restes mortels de son même frère, pour lui rendre enfin les derniers devoirs des pompes funèbres, marbrier et concession à perpétuité au Père-Lachaise : nous savons que le corps n’est pas sorti d’ici.

Les trois bandits se regardèrent.

— Sans quoi, conclut Pistolet, rendez-vous général au procureur du roi. J’ai tout dit. On vous donne trois minutes pour réfléchir mûrement.

Le marchef releva la tête, et sa prunelle