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égorgé, il y avait quatre hommes réunis.

Les trois premiers portaient de misérables costumes ; le quatrième avait une toilette tout battant neuve : redingote-propriétaire d’un drap noisette superfin, pantalon écossais à carreaux, bottes vernies et chapeau de soie, luisant comme du jais.

Il était jeune, les trois autres avaient de l’âge ; il était fier, souriant, radieux, les trois autres avaient la tête basse, l’œil triste et craintif, le dos voûté, les jambes tremblantes. Ils se ressemblaient tous les trois par leur abattement profond : ils avaient l’air de trois oiseaux de nuit qu’on eût arrachés de leur trou et portés tout à coup en pleine lumière.

Nous avons vu, une fois déjà, ces trois hommes au même lieu, accomplissant l’acte qui faisait maintenant leur trouble et leur épouvante.

Ils avaient nom Coyatier, dit le marchef ; Landerneau, dit Trente-troisième, et Lambert, dit Coterie.

Comme l’autre fois, ils étaient munis d’instruments ; les mêmes : Coyatier avait son pic, Coterie ses ustensiles de maçon, Landerneau ses outils de menuisier.

Le jeune homme élégant était notre ami Pistolet. Son riche costume ne lui allait peut-être pas à merveille, sa redingote le gênait aux entournures. La vilaine peau de sa joue glabre regrettait un peu le voisinage du col bleu de sa blouse et le drap de sa casquette pelée, mais il était content de lui-même au