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Le père Boivin, redoutant désormais les soupes rivales, avait, depuis le départ de Thérèse Soulas, transformé tout le dernier étage de son immeuble en cabinets particuliers.

Lecoq aida le vieux colonel à monter.

— C’est une drôle d’histoire, papa, dit-il quand on fut dans la mansarde. Le frère cadet était ici où nous sommes, le frère aîné entra là… porte à côté. Le hasard !… C’était cet idiot de Nicolas qui vous avait mis en tête la manie des grands plans, combinés comme des mélodrames à compartiments. Le général se porte bien, je l’ai vu hier avec sa petite fille. Corbiche ! elle est mignonne à croquer, malgré le plongeon, là-bas, sous le Pont-Neuf. Moi, je ne combine pas de plans, mais vous allez voir comme l’opération va rouler.

Le garçon entra avec les objets demandés. On lui ordonna de ne point revenir. M. Lecoq ferma la porte et dit :

— Papa, j’aime les marrons tout tirés du feu. M. Paul Labre va encore nous servir. Il est là, au no 9, qui fait ses affaires et les miennes… Un joli garçon, hé ? Voilà du temps que nous nous connaissons tous deux et sa carte d’inspecteur est de vieille date.

Il revint s’asseoir auprès du colonel et tira sa montre.

— Dans une demi-heure, reprit-il, ce sera notre tour. Attendons.

De l’autre côté de la cloison, dans cette chambre sinistre où Jean Labre avait été