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un gros paletot ; le petit tremblait de froid sous une douillette de soie noire ouatée qui le faisait ressembler à un vieux prêtre.

Ils marchèrent ensemble vers la rue de Jérusalem.

Le grand fredonnait, le petit grelottait, disant :

— Que veux-tu, l’Amitié, j’avais un faible pour ce garçon-là. Il avait de l’économie. Je lui aurais donné ma petite Fanchette avec plaisir. Est-ce bien décidé ? Voyons !

— Un imbécile ! gronda le grand. L’affaire Champmas manquée ; manquée, l’affaire Goret ! Est-ce qu’il fallait attendre l’apoplexie ? Papa, c’est réglé : on le liquide.

Le petit laissa échapper un gros soupir.

Ils tournèrent le coin de la rue de Jérusalem.

Quand ils passèrent sous le réverbère, vous n’eussiez certes point reconnu cet excellent colonel Bozzo, non plus que son compagnon, M. Lecoq de La Perrière.

Tous deux étaient grimés mieux que des comédiens.

Lecoq demanda à un garçon du père Boivin la chambre no 9.

— Prise, répondit le garçon. Il y a le 7 et le 8.

— Deux litres au 8, deux jambons et deux bries.

Le no 8 était l’ancienne chambre de Paul Labre, le no 7 l’ancienne gargote de maman Soulas, le no 9 la chambre Gautron-à-la-craie-jaune.