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Mais ce qui émoustillait surtout les amateurs, ce que nous avons gardé pour la bonne bouche, c’est que l’assassin de Jean Labre et de Thérèse Soulas passait pour être affilié à ce groupe de mystérieux malfaiteurs qui jamais n’avaient satisfait la curiosité publique en s’asseyant sur les bancs de la cour d’assises : les Habits-Noirs.

On disait que le faux prince était un Habit-Noir, un maître ; peut-être même était-ce l’HABIT-NOIR, le grand chef des Frères de la Merci.

L’attente générale, du reste, ne devait pas languir longtemps. La session était commencée et l’affaire du faux prince arrivait une des premières au rôle.

Le 11 décembre, veille du jour où l’assassin de Jean Labre devait comparaître devant ses juges, on payait cinq louis les places réservées, chez le brave Chavot, marchand de « faveurs d’audience, » qui demeurait alors au coin de la rue de Glatigny, à quinze pieds sous terre.

Il était poli avec les dames.

Voici ce qui arriva vers neuf heures du soir par un temps sombre et froid qui mettait le nez des passants sous leurs manteaux.

Un fiacre s’arrêta au coin de la rue Harlay-du-Palais, sur le quai des Orfèvres.

Deux hommes en descendirent.

L’un d’eux paya le fiacre, qui s’en alla.

Les deux hommes attendirent quelques minutes ; il y en avait un grand et un petit ; le grand, bien campé, était boutonné dans