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les conjectures délicates où va le plonger son quine à la loterie. Il y a des années que je suis porté vers vous par ma sympathie, avec le regret de n’avoir pas eu plus d’occasions de vous fréquenter. Ça va se présenter dorénavant, à cause de l’héritage du bancroche, déjà cité, non content que l’entrée des premiers salons de la capitale en découle. On ne peut pas vous garder en prison, c’est clair ; mais le Nicolas n’aurait qu’à se réconcilier avec son Lecoq, hein ? En voilà un troisième rôle pour le théâtre de la Gaîté !… M. Badoît, que j’estime, quoique supérieur à lui par l’intelligence, vous dira que j’ai tous les aboutissants de l’épisode Gautron à la craie jaune. Quand ça sera mûr, faites-moi signe, par ce même Badoît qui saura mon adresse, et je perdrai encore volontiers un jour ou deux pour faire un cinquième acte à ce drame-là et astiquer le dénouement imprévu du dernier tableau.

La carriole qui contenait les prisonniers s’arrêta. On changea de chevaux.

Deux heures après, Pistolet éveillait Vincent Goret à l’auberge du Cygne de la Croix et disait, après lui avoir annoncé la mort de sa mère :

Bêta, si tu veux me nommer ton tuteur, jure-moi obéissance. Je te donnerai tout à cuire et à bouillir, pris sur ta légitime, et de l’éducation, lavage en grand, linge propre, souliers cirés, cinq repas par jour, avec le gloria. C’est à toi d’accepter ton bonheur, sans quoi, je t’abandonne, incapable de dépenser plus de 75 centimes par jour, à l’état naturel de ton ignorance !