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comme pour en essuyer la sueur.

Un coup de feu éclata aussitôt sous bois.

Lecoq chancela en étouffant un cri de douleur.

— Je savais bien qu’il y avait plus d’un loup dans le fourré, dit Pistolet. Allons, Chamoiseau ! à nous deux ! en chasse !

— Que personne ne bouge ! cria Lecoq impérieusement. C’est une égratignure.

Une ligne sanglante balafrait sa joue que la balle avait effleurée.

Il avait fait un signe au vicomte Annibal Gioja qui s’inclina jusqu’à terre en présentant un pli ouvert à Paul Labre.

Paul jeta les yeux sur le contenu du pli et changea de couleur.

Sans prononcer une parole, il marcha vers le groupe des Habits-Noirs.

Nicolas, en le voyant approcher, se prit à trembler.

Comme les gens de Paris s’écartaient, au commandement muet de Lecoq, pour laisser passer Paul Labre, le faux prince recula jusqu’au milieu des membres de la conspiration en balbutiant :

— Défendez-moi, on en veut à ma vie !

Les hobereaux se formèrent bravement en ligne et les gendarmes, en vérité, arrivèrent à la rescousse, soutenus par l’autorité. Les instructions étaient bonnes.

Paul était sans armes.

Il ne leva même pas la main, et pourtant il passa entre les deux fils Portier de la Grille, écartés à droite et à gauche comme si le choc d’un bélier les eût séparés.

Il saisit le prince au collet, au moment même où celui-ci mettait le pistolet à la main et dit :

— Moi, Paul Labre, baron d’Arcis, inspecteur de police, je vous arrête au nom