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ce n’a plus de toit où je puisse abriter ma tête je m’exilerai… C’est ce qu’on veut sans doute.

— C’est ce qu’on veut ! s’écria le fougueux chevalier, c’est tout ce qu’on veut ! Ah ! le gouvernement est habile.

— Résistons ! opina le neveu du Molard, par les armes !

— Sachons mourir ! clamèrent les Portier de la Grille.

Les dames de la conspiration pleuraient à chaudes larmes.

L’ancien élève de l’école opéra sa retraite en disant avec dignité :

— Malheureux roi ! malheureuse France !

Le général de Champmas semblait, depuis quelques instants, faire effort pour contenir Paul Labre.

— Colonel Bozzo, dit-il enfin, je crois sincèrement que vous avez été trompé comme beaucoup d’autres par cet homme. Votre erreur doit avoir cessé. Je ne puis, posé comme je le suis en adversaire du gouvernement, exercer aucune influence sur ses employés. Je vous adjure de vous prononcer.

— Général ! ah ! général ! répliqua le vieillard en gémissant, je suis navré… écrasé ! Ne me demandez rien, vous parlez à un mort ! Je suis sûr que je ne m’en relèverai pas !

Paul Labre se dégagea de l’étreinte de M. de Champmas, et fit un pas vers les fonctionnaires.

— Messieurs, dit-il, tous ceux qui ont été accusés ici doivent rester sous la main de la justice. J’offre de me constituer prisonnier sur l’heure.

— Pourvu qu’on coffre Son Altesse Royale, bien entendu, acheva Pistolet.

L’embarras des autorités était au comble. Elles se consultaient et se disputaient.