Page:Féval - La Rue de Jérusalem, 1868.djvu/539

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sonnier l’ordre de répéter ses aveux.

— Quoi donc ! répliqua cette fois Troubadour, la chance n’y est pas. Si j’avais trouvé M. Chamoiseau dans la forêt, entre quatre z’yeux, j’aurais eu sa peau, pas vrai ? Mais il y a le petit bonhomme avec qui j’ai voyagé dans la patache d’Alençon, et ce petit-là est un malin singe. — S’il fait nuit, c’est bon, allumez la chandelle ! Quoi donc, le prince ! c’est prince comme moi, et duc comme ma savate ! Ça paie mal. Je n’ai eu presque rien pour la femme Soulas, hier, et aujourd’hui je n’aurais pas eu davantage pour M. le baron, là-bas… Mais il me tenait par le cou, et il me disait : Travaille ou je t’attache un boulet à la patte ! Je m’en moque, maintenant, c’est fini de rire. J’en ai pour la perpétuité ou pour mieux que ça. Bonsoir, les voisins, tant pis pour moi, tant mieux pour ce gueux de Chamoiseau ! Hé ! Nicolas ! M. le baron l’a échappée belle, mais te voilà dégommé !

— Je m’amuse ! ponctua Pistolet. Vous en faut-il un quarteron de plus, monsieur le commissaire ? Demandez, on va vous servir.

Son regard espiègle caressait M. Lecoq.

— Messieurs, prononça lentement le beau Nicolas, personne ici n’ignore ni ma position ni mes infortunes. La malédiction semble poursuivre en moi la dernière goutte d’un sang illustre. Je ne m’abaisserai pas à prononcer un seul mot pour repousser une pareille accusation. Que m’importait cette malheureuse femme, Thérèse Soulas ? Qu’avais-je besoin d’accepter le cartel de M. le baron ? Quoi de commun entre moi et ce rebut de l’humanité que mes cruels ennemis ont lâché contre moi comme un chien féroce ? Je remercie ceux qui m’ont aimé, je pardonne à ceux qui me persécutent. Puisque la Fran-