Page:Féval - La Rue de Jérusalem, 1868.djvu/533

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vint l’apporter au centre du cercle formé par les assistants.

— Voilà l’objet, ajouta-t-il en posant l’arme à terre.

Badoît s’était approché de Paul Labre.

Il lui dit tout bas :

— Faudra donner une mâle de gratification à ce petit-là, Monsieur le baron.

— Bonjour, général ! cria de loin Pistolet, qui salua militairement ; vous en aviez de crânes cigares à bord du Robert-Surcouf, au début de mes voyages. Bien content de vous voir en bonne santé. On va s’amuser.

Les membres de la conspiration écoutaient et regardaient sans comprendre.

Les gens de Paris s’étaient groupés autour du prince, qui conservait son attitude dédaigneuse, bien qu’un tremblement léger agitât par intervalles les coins de ses lèvres.

Le brigadier Chamoiseau, droit sur ses jambes bottées et campé fièrement, avait lâché le licou qui retenait Louveau pour le saisir par le bras.

À l’endroit où sa robuste main meurtrissait les muscles du bandit, on pouvait lire, sur sa peau gonflée : « À bas Chamoiseau ! »

Le hasard a de ces jeux.

— L’enfant dit vrai, prononça-t-il avec gravité, malgré qu’il possède l’extérieur d’un méchant galopin. C’est la troisième fois que je plonge cet animal-là dans les fers. Mon aspect bien connu a été pour lui la tête de Méduse : il a exhalé un grognement de sauvage dans quoi on a discerné l’aveu qu’il était là pour tricher dans un duel à l’arme à feu…

— Je ne souffrirai pas qu’on insulte Son Altesse Royale ! s’écria le chevalier de la Prunelaye. Ce sont évidemment des manœuvres de la quasi-légitimité !