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une voix retentissante sous le fourré, à droite de la plate-forme. Pour le coup, je m’amuse ! Je vous avais dit que je vous dénicherais votre Troubadour. Ai-je menti ? En cherchant bien, on en trouverait d’autres !

— Qu’est cela ? demanda M. Lecoq d’un air sincèrement étonné, encore des gendarmes ! Il en pleut, aujourd’hui !

Chamoiseau sortait du bois, à pied, tenant d’une main la bride de son cheval, de l’autre une forte corde qui serrait le cou de Louveau, dit Troubadour, lequel se laissait traîner la tête basse et les mains dans ses poches.

Les autorités, il faut l’avouer, furent bien aises de cette diversion qui donnait du temps et qui promettait de dessiner la situation.

Mais le prince pâlit, et ce bon colonel regarda M. Lecoq d’un air inquiet.

Derrière le brigadier Chamoiseau, son gendarme venait à cheval, et derrière encore M. Badoît, précédant Pistolet qui avait ses mains dans ses poches aussi, mais la tête haute, le chapeau sur l’oreille, le nez au vent, un vrai vainqueur !

— Messieurs et dames, dit-il, on patauge ici drôlement, sans vouloir affronter les fonctionnaires. Voilà Louveau, dit Troubadour, le coupable de la veuve Soulas, pauvre femme ! que j’ai l’honneur de vous présenter en récidive de forçat libéré et autres. Il n’est pas beau, mais on ne se fait pas, et M. Chamoiseau l’a contre-pincé, comme il dit, par mon canal, embusqué là, sous l’ombrage, avec son fusil chargé, amorcé et armé, dans l’intention de conférer une balle à M. le baron d’Arcis, au cas où on se serait battu en duel, ce matin.

Il prit le fusil des mains du gendarme et