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sonne n’avait cru au duel, en dehors des naïfs de la conspiration.

Mme la comtesse de Clare descendit de son équipage, accompagnée par son fidèle Annibal Gioja, chevalier d’honneur de la reine Goret ; on voyait dans les groupes le docteur Samuel, l’abbé X…, Cocotte, Piquepuce, Mlles Pruneau et Mèche.

Mme la comtesse de Clare se plaça à côté du prince.

Quand elle passa devant Lecoq, celui-ci lui demanda tout bas :

— La poste est-elle arrivée ?

La comtesse répondit affirmativement. Lecoq demanda encore :

— Avons-nous la chose ?

La comtesse de Clare montra du doigt Annibal, qui salua en souriant.

— Messieurs, dit Lefébure (de l’école) aux autorités, je n’ai pas de conseil à vous donner, mais il est temps de faire cesser ce scandale. Vous êtes fixés, agissez. S’il le faut, j’ajoute mon témoignage à ceux que vous possédez déjà : il a la valeur de mon caractère. Je le jure !

Simple maître de forges, ce Lefébure avait la majesté d’une table de logarithmes.

Il eût décoré un ministère.

L’autorité s’ébranla à sa voix, bien que les divers fonctionnaires chargés des destinées du canton ne fussent pas sans éprouver quelque hésitation. Le juge de paix risqua cette opinion que M. le commissaire de police n’avait pas droit d’arrêter un citoyen sans mandat, hors du cas de flagrant délit.

La conspiration s’impatientait et parlait d’empoigner le général avec Paul Labre.

On songeait à faire un coup d’État.

— Avancez, brigadier ! cria en ce moment