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tribués que les receveurs généraux des finances.

» — Monsieur, dis-je, s’il ne s’agit que d’arrêter loyalement le général comte de Champmas, je m’en charge.

» — Pour arrêter quelqu’un légalement, sinon loyalement, fit-il avec un ricanement sinistre, il faut un mandat et une carte.

» — Qu’on me donne une carte et un mandat ! m’écriai-je.

» Je sentais que mon cœur s’en allait.

» M. V… réfléchit un instant.

» — La carte, c’est possible, dit-il. J’ai la vôtre qui est signée depuis bien longtemps…

» Chacun de ces mots était désormais un coup de poignard.

» Ma carte était signée — depuis bien longtemps. Depuis bien longtemps mon nom, le nom de notre père, le tien, Jean, ah ! pardonne-moi ! était inscrit au registre de la police de Paris !

» M. V… poursuivit :

» — Quant au mandat, c’est différent, nous n’avons pas de mandat. Notre intérêt est de donner à l’affaire un caractère tout fortuit. Résumons-nous. Je vous ai fourni les moyens d’accomplir votre devoir aisément. Le nom de Vital vous servira de passeport : Vital est tout bonnement le duc d’E… Vous me rapporterez les dépêches qu’on vous donnera, et tout sera dit. Moi, en échange, je vous rendrai les signatures de la bonne dame et je vous ferai un gentil cadeau pour entretenir l’amitié qui nous lie. Mais, en somme, des goûts et des couleurs, moi, je ne dispute jamais. S’il vous plaît d’aller