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— À la troisième, on fera une croix, conclut-il, et j’aurai l’honneur qu’il ne s’écrira plus sur le corps d’autres invectives contre ma personne. Je l’ai déjà flanqué à Brest et à Toulon : reste Rochefort ou la guillotine. C’est des jeux de la destinée qui divertissent le gendarme, sans prouver qu’il a un mauvais cœur.

Quand les premières lueurs du jour se montrèrent, Pistolet et son brigadier chevauchaient à plus de cent pas en avant de la caravane.

Le brigadier était incapable de trahir les secrets de l’autorité, mais Clampin l’avait vidé comme une noix de coco.

Il savait que le faux prince avait pris les devants avec résolution et habileté, qu’on avait pour lui beaucoup de respect dans le petit monde officiel de La Ferté-Macé et qu’il était en outre protégé par des instructions venues de Paris.

Clampin savait, de plus, qu’au contraire, toutes les autorités normandes regardaient déjà la culpabilité de Paul Labre comme probable.

Au moment où on arrivait en vue de Mortefontaine, cinq heures sonnaient à la petite église.

Pistolet quitta son compagnon en disant :

— Brigadier, je suis de votre avis. C’est des contes à dormir debout qu’on fait sur les Habits-Noirs, et M. Nicolas est un honnête propriétaire… mais Louveau, dit Troubadour, par exemple…

— Celui-là, c’est mon affaire, jeune homme !

— Brigadier, dans trois quarts d’heure, à la lisière du taillis qui est à droite de la