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marchons sur des charbons ardents. Notre royauté à chapeau gris et à parapluie a cessé d’être populaire. Les agents ordinaires ne nous vaudraient rien ; un esclandre nous ferait un tort incalculable : nous n’avons pas l’ombre d’une preuve. Notre Cadoudal, voyez-vous, est un peu plus malin que l’autre…

» — Qui est-il ? demandai-je.

» — Le général comte de Champmas.

» — Cet homme bienfaisant…

» — Beau mérite ! Il est riche comme un puits.

» — Qu’aurai-je à faire ?

» Je murmurai cette dernière question d’un air sombre. Je défaillais sous le poids du découragement.

» M. V… consulta sa montre.

» — Le roi va m’attendre ! murmura-t-il. Bah ! Il attendra. Vous aurez à frapper, à entrer et à dire : Je viens chercher les dépêches de la part de M. Vital. M. Vital est un ami du Cadoudal-Champmas.

» Je l’arrêtai d’un geste et mon indignation glaça le rire sur ses lèvres.

» — Oh ! oh ! fit-il, allons-nous décidément bêtiser ? Il faut que la chose soit dans le sac ce soir. Et après tout, monsieur Labre, vous avez reçu d’assez jolis appointements provisoires !

» — Étaient-ce les appointements d’un agent de police ? demandai-je, frémissant de tous mes membres.

» — Hélas ! oui, mon fils, répliqua-t-il, en service extraordinaire, avec le boni spécial : ci : cent soixante francs par mois, car ces dignitaires ne sont pas si convenablement ré-