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scène du duel, où le traître a placé un affidé avec une carabine chargée, dans les halliers du ravin de la montagne, pleins de ronces et d’épines, pour démolir M. Paul Labre, censé, en feignant que ça soit les hasards d’un combat singulier.

M. le baron se bat en duel ! s’écria l’ancien inspecteur.

— Ne m’en parlez pas ! faut que ça gêne le travail les gens comme lui, vous savez bien, toujours dans les jambes et à la traverse. Les Habits-Noirs sont les témoins de l’assassin de son frère, comme de juste. Ça fera tout de même un crâne tableau… Vous ai-je dit qu’ils avaient fait passer le goût du pain à maman Soulas ?

Badoît pâlit et murmura :

— Madame Thérèse est morte !

— Pauvre Minet ! dit le gamin. Mou, mou, mou… Avait-elle une voix douce pour son âge, c’te femme-là ! Je sentais qu’on allait la victimer, mais je croyais avoir le temps… Ah ! patron ! ça marche vite !

— Toi, s’interrompit-il en s’adressant à Vincent qu’il venait de pousser dans la chambre de l’ancien inspecteur, couche-toi par terre et dors ; si tu bouges, une trempée ! Quand tu auras hérité de ta maman, on te parlera avec plus de politesse pour ton argent, si tu en es prodigue.

Il passa son bras sous celui de M. Badoît et poursuivit en redescendant l’escalier :

— Ce n’est pas un vain songe, patron, c’est pour la maman de cet animal-là que toute la clique et reclique des Fera-t-il-jour-demain empoisonne le pays. Elle a de quoi acheter Paris et la banlieue avec la moitié de ses économies… Attention, je commence :