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tel du Cygne de la Croix et faisait honneur à la table d’hôte : il jouissait du sincère appétit qui est le fruit d’une bonne conscience.

Sans vouloir en rien nuire aux personnes honorables qui pratiquent la détection privée après avoir pris leurs degrés à la grande vénerie de la préfecture de police, nous engageons tous ceux qui ont une aiguille à chercher dans une charretée de foin à mettre des lunettes sur leur propre nez pour faire eux-mêmes leur besogne.

Ce genre de chasse est métier d’artiste, après tout ; il exige une somme considérable d’initiative, une grande spontanéité et quelque vocation à couper dans les sentiers téméraires : toutes choses que les habitudes administratives émoussent ou tuent.

Les boutiques mystérieuses où ces chercheurs non brevetés, plus nombreux à Paris qu’on ne pense, vendent leur sorcellerie, sont pour nous aussi fantastiques que la caverne capitonnée où Mme Oracle, assistée de son diplômé, distribue des consultations somnambuliques.

Du haut des cieux, en vérité, les charlatans du moyen-âge doivent rire en voyant les atroces plaisanteries qui remplacent leurs naïvetés, mises au rebut !

S’il vous faut absolument quelqu’un, prenez un chien libre, un animal sauvage, Clampin, dit Pistolet, par exemple, pourvu qu’il ne soit pas encore parvenu à se ranger.

M. Badoît était rangé, archi-rangé. Il cherchait avec mesure et méthode, selon la règle qui est de ne point trouver.

M. Badoît avait néanmoins sur ses collègues un grand avantage : il admirait Pisto-