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bâillon sur la bouche, l’autre avec un poison dans le cœur.

Elle fit un pas vers le général.

— Monsieur, acheva-t-elle, j’ai dit. Accordez-moi votre pardon et donnez-moi le baiser d’adieu. Vous ne me reverrez jamais.

Le général hésita, puis ses deux bras s’ouvrirent.

Il la tint un instant serrée contre sa poitrine.

Ce fut elle qui se dégagea.

— Elle va s’éveiller, dit-elle en montrant Suavita. Pourquoi ne pas lui dire qu’elle a fait un rêve cruel ? Adieu.

Elle se dirigea vers la porte d’un pas ferme et, comme Paul faisait un mouvement pour la rejoindre, elle lui dit :

— Je vous défends de me suivre.

Le général, en même temps, saisit le bras de Paul.

— Restez ! ordonna-t-il.

Avant de passer le seuil, Ysole se retourna.

Elle avait aux lèvres son éblouissant sourire.

Paul fléchit les genoux.

— Un rêve ! répéta Ysole. Mon père, vous n’avez qu’une fille qui va bientôt vous sourire ; Suavita n’a jamais eu de sœur. Il n’y a qu’une Champmas, Monsieur Paul Labre, qui vous doit la vie et à qui vous devez le bonheur.