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pirer à sa sœur son flacon de sels.

— Voulez-vous me permettre de l’embrasser avant qu’elle s’éveille ? dit-elle de cette voix profonde et douce qui remuait le cœur de Paul Labre dans ses fibres les mieux cachées.

Le général fit un signe affirmatif.

Ysole baisa les deux joues de Suavita.

— Qu’elle soit heureuse ! murmura-t-elle ; qu’elle soit aimée et qu’elle aime !

Ces mots s’exhalèrent de sa bouche, pieux comme une prière.

Paul appuya ses deux mains contre sa poitrine.

— Elle a respiré, dit Ysole, qui mit sur le front de l’enfant un troisième baiser.

Elle se releva et ajouta en regardant de nouveau son père tête levée :

— Monsieur, quoique je ne sois pas coupable envers vous, je vous demande pardon. Mme la comtesse de Clare, qui m’a perdue, n’était pas la parente de Thérèse Soulas, mais bien celle du général comte de Champmas.

Un rouge de sang remplaça la pâleur qui couvrait les joues du général.

— Et ce fut sous le prétexte de vous sauver, Monsieur, continua Ysole, que le faux Louis de Bourbon, votre complice, entra dans cette maison du quai des Orfèvres, d’où vos deux filles sortirent, l’une avec un