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Champmas que je vous rends ; je n’avais pas sollicité, dans votre maison noble, la place que je n’y ai point su tenir.

Avant de savoir, monsieur, que Thérèse était ma mère, je l’ai entendue plus d’une fois qui se disait à elle-même : « Il ne faut point toucher à la famille. » J’ai été bien longtemps à la comprendre ; quand je l’ai comprise, j’ai trouvé avec étonnement la même pensée en moi. Toucher à l’arche porte malheur ; vous y avez touché, je suis punie. Il y a eu mensonge écrit sur le livre où tout doit être vérité : vous êtes puni. Dieu a pardonné seulement à celle qui fut complice saintement, sans intérêt et au prix d’un sacrifice. Dieu a pardonné à ma mère.

Elle s’arrêta. Le général avait déposé Suavita sur le canapé.

Paul Labre restait fasciné devant Ysole qui reprit :

— Monsieur, vous ne me chasserez point ; il n’est pas besoin : je vais m’exiler moi-même. Monsieur, souvenez-vous que sans vous j’aurais connu ma mère. La maison de l’honneur elle-même ne vaut rien pour les filles qui n’ont pas de mère. Je ne vous maudis pas. Adieu !

— Aidez-moi, prononça tout bas le comte de Champmas.

Il montrait Suavita.

Ysole s’agenouilla près du divan et fit res-