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au choc de sa douleur indicible ; elle parla, — mais elle tomba foudroyée.

Paul, stupéfait, et Ysole qui ne voyait point encore son père, s’élancèrent en même temps pour la relever.

Ysole recula devant le visage sévère du général.

Paul seul approcha.

Le général ne le repoussa point, mais il releva Suavita sans lui.

Et quand il l’eut entre ses bras, il regarda Ysole et montra de son doigt tendu la porte de sortie.

Le rouge monta au front de Paul, Ysole lui dit :

— Je vous défends de parler pour moi.

Puis elle resta un instant les yeux fixés sur le comte de Champmas.

Il n’y avait dans ce regard ni humilité, ni forfanterie.

— Monsieur, dit-elle, je suis votre fille, et je vous respecte ; je vous aimais davantage avant le mal que je vous ai fait sans le vouloir. J’aime cette enfant dont j’ai été le malheur et je lui rends son héritage. Ne soyez pas impitoyable envers moi ; ma mère est morte misérablement et je vis comme elle est morte. Ce n’est pas ma mère qui alla vous chercher dans votre château, c’est vous qui vîntes la prendre dans sa chaumière. Moi, je n’avais pas demandé ce nom de