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Suavita, il savait tout, jusqu’au rôle douteux joué par cette infortunée femme, Thérèse Soulas.

Suavita avait épié aussi, bien qu’elle n’eût pas droit.

Elle s’était laissée souffrir longtemps dans la chambre à coucher ; elle était si doucement esclave ! Mais, à la fin, l’écho de ces deux voix émues lui avait monté au cerveau : elle était devenue folle.

Malgré elle, sa main tremblante avait ouvert la porte de la chambre à coucher.

L’antichambre n’était pas éclairée, et son père, qui n’avait pas quitté ce poste depuis le commencement de l’entrevue, s’était rangé pour lui donner passage.

Le pas de Suavita était pénible et bien chancelant, tandis qu’elle gagnait la porte du salon.

Paul parlait. Hélas ! Jamais Suavita ne l’avait entendu parler ainsi.

Sa voix était changée, il semblait que ce fût une autre voix.

Suavita écoutait avec une navrante angoisse ces paroles passionnées, inconnues, dont chacune lui perçait le cœur comme un coup de poignard.

Elle se sentit mourir.

Et, avant de tomber, elle voulut voir — voir en face — sa rivale heureuse et détestée.

La chaîne qui la faisait muette se brisa