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lonnée, empaquetée, lancée à l’eau d’un endroit fort élevé, gelée par le froid, paralysée par la terreur, sauvée, réchauffée, soignée…

Les yeux de Suavita ajoutaient ici : Par un ange !

Le général vit encore l’enfant couchée sur ce lit étranger : une pauvre petite morte qui renaissait, mais privée de la raison et n’ayant plus de paroles pour dire au moins le nom de sa famille.

Ceci le frappa, car il se demandait déjà comment Paul Labre, son voisin, n’avait point couronné le bienfait en lui rendant sa fille.

Paul Labre n’avait pu parler, puisqu’il ne savait pas.

À la fin de l’entrevue, bien des choses pourtant restaient inexplicables.

Ce fut le général qui, au retour de Paul, envoya Suavita près de lui.

Il avait droit de savoir. Il épia, il étudia ce tête-à-tête qui lui montra à nu le cœur de sa fille : son bien unique désormais et la dernière joie de sa vie.

Il étudia et il épia cet autre tête-à-tête, si différent du premier qui avait lieu au salon, entre Ysole et Paul.

C’était encore sa fille, cette créature si belle et si terriblement condamnée : il avait droit de savoir.

Au moment où il entrait au salon derrière