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prudentes, sans trouver des personnes de foi pour y croire.

Le général, lui, n’y croyait pas, nous le savons. Dans sa droite conscience quelque chose se révoltait contre les assertions de la lettre anonyme, reçue si à propos et dont le rédacteur semblait si minutieusement versé dans tous les détails de cette sombre affaire.

Le général avait mis en usage l’épouvante des domestiques de Paul comme on emploie un moyen extrême. Il en avait le droit, puisqu’il s’agissait pour lui de retrouver sa fille.

Nous avons vu que le valet et la servante avaient obéi à ses injonctions en laissant croire à Paul Labre que personne n’était venu en son absence.

Une fois introduit dans la maison, le général avait commencé et poursuivi son enquête privée avec résolution et sang-froid. Les domestiques n’avaient pu lui cacher longtemps la présence de Suavita, qui l’avait reconnu tout de suite et s’était pâmée de joie dans ses bras.

Au premier moment, au jet de flamme qui avait illuminé les yeux de l’enfant, quand il avait prononcé le nom de Paul, le général se sentit le cœur serré. Il crut, à tout le moins, à une partie des accusations de la lettre anonyme ; mais il y a dans l’innocence du cœur, encore plus que dans la virgi-